Un an plus tard
Les élucubrations d'un Breton en Espagne
Voilà, ça fait un peu plus d'un an que j'ai débarqué ici. Une nouvelle
ville, des gens nouveaux, de nouveaux amis, un nouveau travail, dans un
nouveau pays... voilà ma nouvelle vie, celle de l'émigrant, parti
chercher sa vie loin de chez lui.
C'est l'histoire d'un étudiant en langues étrangères, à Brest
(Bretagne, faut-il le préciser ?) qui saute sur l'opportunité qui lui
est donnée de partir faire une partie de ses études en Espagne, à
Castellon de la Plana, au bord de la Méditerranée. Premier séjour en
Espagne pour cet étudiant breton: durée: 7 mois. Sept mois de nouvelles
rencontres, de nouvelles expériences, d'acclimatation (passer des
maximales de 25 degrés en Bretagne à celles de 40 degrés voire plus en
Communauté Valencienne m'a couté 5 kilos), de questions aussi...
jusqu'au jour où il me faut retourner au pays, avec une idée fixe: je
reviendrai, et un jour j'y resterai.
La suite est assez classique: poursuite de mes études à toute vitesse
là où je les ai commencées, en cherchant toutes les excuses possibles
et imaginables pour retourner à Castellon: vacances, stages etc...
quand j'aurai fini mes études, j'y retournerai pour de bon. La routine
se réinstalle, ce qui n'est finalement pas si désagréable après 7 mois
d'Auberge Espagnole; je profite de ces derniers mois avec ma famille,
les amis qui ne sont pas encore partis, et le peu d'habitudes qu'il me
reste encore dans cet endroit dont je parle déjà au passé. Cette
période estudiantine touche donc tranquillement à sa fin, chacun
faisant ses projets, chacun partant de son côté... jusqu'à ce 15
septembre 2005, où après que mes parents m'aient conduit à l'aéroport,
je monte dans cet avion que j'ai déjà pris si souvent, avec cependant
une différence de taille: dans ma poche, aucun billet de retour.
Quelques heures plus tard, me voilà dans mon nouvel appartement, avec
les personnes que j'y avais laissées quelques mois plus tôt.
S'ensuivent plusieurs mois de questions, de déceptions (mes amis
sont-ils vraiment ceux que je croyais?), de doutes (ai-je bien fait
d'accepter un travail dont je ne connais absolument rien?), pour
finalement arriver un an plus tard à une conclusion: je ne me suis pas
trompé, c'est bien ici que mon parcours devait continuer.
Octobre 2006: j'ai changé d'appartement depuis quelques mois (après
plusieurs coups bas, pour incompatibilité de caractère avec celles que
je considérais comme mes meilleures amies), pour me réinstaller avec
Carla et Jorge, deux Péruviens espagnolisés par plusieurs années
passées à Séville, et avec qui le courant passe tout de suite; aucun
doute, ces deux-ci ne me feront pas les sales coups que d'autres m'ont
faits. Après le départ de Carla le mois dernier et notre brève
cohabitation avec un rappeur andalou, un nouvel arrivant est sur le
point de s'installer chez nous, un Argentin arrivé ici quelques années
plus tôt. Ma nouvelle vie suit maintenant son cours, de nouveaux liens
se tissent pendant que d'autres se défont... l'étudiant breton est
maintenant commercial en Espagne, son parcours étant passé par Paris,
Bruxelles, Amsterdam, Londres, Luxembourg, entrecoupé d'escapades à
Brest, jusqu'à la nouvelle étape: dieu sait où...
C'est sur ces belles paroles que je vous quitte, car après tout je suis
censé travailler à cette heure-là, et mon chef vient d'arriver. À
bientôt donc, et d'ici là... bonne bourre!
An Divroer